12/05/2008

Sociogeek lève le voile sur les ressorts du web social

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

La FING et Dominique Cardon en particulier ont présenté cette semaine les premiers enseignements de l’enquête SocioGeek, dont il y a deux mois.
La question de base était d’avoir une prise de température des motivations et surtout de ce que nous sommes prêts à faire sur les réseaux sociaux pour étendre ou animer nos relations. “Sommes-nous impudiques ?”, vaste programme.
Sociogeek1.pngPlus de 11 000 personnes ont fait le test, avec un sérieux surprenant dans les réponses, malgré le risque le caractère très ludique de l’enquête induise le contraire. Je pense que c’est bêtement aussi parce que l’on aime se regarder dans la glace.
L’équipe a
publié quelques résultats et analyses, mais j’invite vivement ceux qui seront comme moi à le Web 08 semaine prochaine, à assister à une nouvelle présentation.
Sociogeek va continuer de tracer sa route, certains aspects devront être préciser et d’autres enquêtes viendront consolider la vision. Pour autant, ces premiers éléments sont suffisamment signifiants à mes yeux car ils ont l’avantage d’enfoncer le clou sur des réalités que l’on connaît mais que l’on aurait aimé dépassés par autre chose. Sauf qu’au final ce sont des mythes. Impressions.


À la question de savoir ce qui fait sens aux usages socio-numériques, une écrasante majorité (79%), répond qu’il s’agit d’étendre la relation avec les gens que l’on connaît déjà. Une réalité déjà souvent éclairée par des études du PEW, ou plus récemment sur les pratiques des jeunes. L’utilisation du web social à des fins de marketing personnel reste l’apanage d’une fraction de gens. Et comme le faisait remarquer l’intervenant d’un barcamp que j’animais mercredi, il faut bien mesurer que les facultés d’abstraction et de structuration que ce type de chose demande à l’individu dont que ce ne sont pas l’apanage de la masse, même si les réseaux sociaux facilitent l’accès à ce type de choses, là où les blogs avaient leurs limites.
Paradoxalement, l’étude montre que, s’il y a une chose que l’on ne montre pas et qui ne donne pas lieu à socialisation, c’est la famille. Soit c’est une sorte de noyau relationnel qui n’a pas d’intérêt à être étendu. Soit, et plus certainement, les usages socio-numériques sont fortement générationnels. Mes parents ne peuvent pas être mes amis sur Facebook.
D’aucun aimeraient que le web social soit transformateur de la société de telle façon que cela résolve certains de ses travers, nous fasse évoluer. Le web ne change rien, il étend certaines choses et surtout cristallise un peu plus crûment les situations. Ainsi, la bête réalité qui se présente à nous c’est que l’on reproduit le fonctionnement normal de la société, à savoir qu’on s’apparie avec des gens qui nous ressemble (en terme de génération et de statut social notamment), qu’il vaut mieux être riche, beau et intelligent et que, du coup, c’est parce qu’on a une faiblesse sur ce plan que l’on se dévoile plus car, en effet, plus on en dit, plus on a de sollicitations. Sans surprise, l’avatar a un rôle prédominant dans l’intérêt porté à quelqu’un.
Pour autant, il ne faut pas croire que l’usage du web 2 entraîne plus d’exposition de soi. Les résultats montre explicitement le contraire !
De fait, les CSP+ ont un contrôle important de leur exposition de leur relationnelle, alors que les personnes issues de milieux plus populaires et les jeunes sont plus particulièrement adeptes d’une forme d’exhibition. C’est dans l’émergence d’un véritable comportement type dans ce registre que ce situe le principal enseignement de l’enquête. L’exposition de soi dans des situations apparemment décontrôlées, mais répondant finalement à une mise en scène très contrôlée, apparaît former un nouveau mode d’exposition.
Il s’adresse aux proches, en liaison avec le sens majoritairement donné aux usages, il s’inscrit beaucoup dans des images de fêtes où l’individu n’est pas mis en situation de faiblesse. Cela adresse évidemment la question de ces fameuses images d’étudiants fêtards qui seraient nuisibles à leur future embauche. Dominique Cardon pense qu’on assiste déjà à une tolérance accordée à ces codes et que la société, dans son ensemble, est en train d’intégrer cela.
C’est un peu plus dérangeant et compliqué, pour l’autre champ apparu dans l’enquête, à savoir le trash. Ses ressorts sont troubles, mais il y a notamment ces images de malades et victimes, qui mettent eux-même en scène leur souffrance en recherche de sympathie au sens étymologique du terme. Beaucoup de questions.
Tout se passerai donc comme si le numérique permettait simplement d’aller plus loin et qu’au travers de ça se développaient quelques nouvelles formes de représentation. Ça paraît peu de choses, mais ce glissement n’en est pas moins porteur de lourdes implications. Pour le reste, je note que le web social révèle une vraie faiblesse au niveau intergénérationnel.

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