11/28/2004

Nos ancêtres les gaulois

Author: Manuel Diaz

Toujours est-il que je prend la plume pour mettre en avant une découverte comme il y en a très peu et qui va faire de Tintignac, en Corrèze, un très haut-lieu de la période gauloise et gallo-romaine.
Tintignac n’était pas inconnu des amateurs. Avant la descente vers Tulle sur la N120, un panneau quelconque indique encore “ruines romaines”, avec sur place pas grand chose de bien spectaculaire il y a encore peu (celle-là Christophe tu y avais échappé !).
Avec la construction de l’A89, à 500m de là, le site a bénéficié d’une manne financière inattendue afin d’être fouillé exhaustivement et de faire de ce lieu enfin quelque chose. En effet, depuis le XIXe siècle, on sait qu’il y a à cet endroit un énorme complexe gallo-romain, une sorte d’aire de repos de l’époque, comprenant notamment des temples, des “boutiques” et un théâtre.
Récemment, j’évoquais avec des amis archéologues l’avancement des fouilles et l’on parlais surtout du théâtre, car les premiers sondages confirmaient qu’il était tout simplement enterré et que ses vestiges étaient donc assez imposants.

Rien n’augurait toutefois de la découverte de cet automne.
D’abord, l’équipe de Christophe Maniquet a trouvé sous les infrastructures gallo-romaines un sanctuaire gaulois antérieur (un enclos ceint d’un fossé). Le même scénario s’était révélé à Limoges il y a environ 10 ans [7] et c’est un classique.
Vint alors une fosse dans ledit sanctuaire, contenant un véritable catalogue de l’équipement militaire gaulois, avec pas moins de 470 pièces :

- des épées avec leurs fourreaux

- des lances

- des boucliers

- des carnyx, c’est-à-dire des trompettes de guerre en bronze (2m quand même) qui, à l’instar des conemuses écossaisses, avaient pour but d’effrayer l’adversaire. On n’en connaissait que des fragments ou des représentations et c’est donc la première fois que quelqu’un en a une sous le nez. Ici, il y en a 5 quasi-complets, avec des pavillons en forme de têtes de cygnes ou de sangliers.

- 9 casques de guerre, avec accessoires, dont un en fer et un autre doré. L’un d’eux est une tête de cygne, forme inconnue à ce jour. Avec ceux-là, le nombre de casques connus en Gaule augmente de 50%.

- des têtes d’animaux en bronze (cheval, sanglier), qui étaient placées sur des hampes et servaient d’enseignes pour se repérer durant le combat.

- et bien d’autres choses…
Ce trésor est sans doute une offrande de trophées de guerres faite aux dieux.

J’en connaît donc un ou deux qui, du côté de Tulle, ont vécu ce que tout archéologue rêve de vivre un jour mais ne vit pas toujours. Ils ont même eu droit à la télé nationale !

Notre région n’est pas habituée à ce genre de découverte. Surtout, si les vestiges gallo-romaines pullulent, on reste un peu sur sa fin concernant la période gauloise. Le Limousin a ceci de particulier que ses limites territoriales recoupent assez bien la zone d’influence des Lémovices, un des peuples composant la mosaïques gauloise avant l’invasion romaine. On connaît bien où se trouvait leur Cité [8], mais il n’y a rien d’exceptionnel à y voir.
On attend donc impatiemment de pouvoir admirer la collection découverte, qui constituera la cerise sur le gâteau d’un site déjà imposant et qui sera de fait un très haut-lieu de la culture celtique. Rendez-vous dans deux ou trois ans à la fin des fouilles et de la restauration des pièces.
En attendant, pour ceux qui passeront sur l’A89, au niveau de l’échangeur de Tulle-Centre, jetez un oeil vers le nord, sur la crête…

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