11/07/2005

Paysages et valeurs

Author: Manuel Diaz

Le Centre de Recherches Sémiotiques de l’Université de Limoges organise, les 24,25 et 26 novembre, un colloque intitulé « Paysages et valeurs : de la représentation à la simulation ». De nombreux intervenants issus de différentes composantes viendront pendant trois jours exposer leurs théorie autour de l’objet «paysage», de ses expressions, de la perception que l’individu s’en fait et des nouvelles dimensions à lui donner.
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Ce colloque représente une forme d’aboutissement du travail des chercheurs sur le(s) paysage(s) et les individus qui, en quelque sorte le(s) formalisent par l’action (le paysage comme objet culturel modifié par la main de l’homme) ou le(s) qualifient par l’observation (la perception d’un paysage et de son organisation passe par le regard judicateur de l’individu qui l’observe).
L’observateur a cette capacité d’apporter un regard positif ou négatif sur un paysage selon la perception qu’il s’en fait. Je me souviens d’une expérience avait été menée au travers du concept de jardins sériels dans le Parc André Citroën (Paris). Le but du paysagiste, à savoir Gilles Clément, était de faire de chaque jardin un espace sensoriel différent : le jardin bleu symbolisait l’odorat, le jardin argenté, la vue, le jardin rouge, le goût, etc… Le paysage s’inscrit donc dans une appréhension ludique et « chimique » de l’espace.
D’autres paysagistes et urbanistes pensent, en revanche que l’appréciation de l’observateur passe par le respect de six critères, particulièrement vérifiables dans le paysage urbain : lisibilité, simplicité, fluidité et continuité, générosité et confort de l’espace. La notion de paysage repose donc sur une série d’opposition entre un modèle paysager « empirique », jouant sur une orientation pratique du paysage (confort, lisibilité et modélisation des sens) et un modèle paysager plus créatif, jouant sur l’esthétique et le ludique.
L’aspect ludique que peut prendre un jardin ou un parc n’est pas le seul critère sur lequel se pose l’appréciation de l’observateur. On peut aussi ressentir une forme de plaisir visuel par la seule pratique facilitée du lieu. Ce qui définit un paysage, c’est en fait le point de vue. En phénoménologie l’espace est vécu dans la mesure ou le paysage n’est pas pur objet en face duquel l’individu pourrait se situer dans une relation d’extériorité. Il se révèle dans une expérience où sujet et objet sont inséparables, non seulement parce que l’objet spatial est constitué par le sujet, mais aussi parce que le sujet s’y trouve englobé par l’espace. Le paysage est un espace compté à partir de « moi », en tant qu’individu, comme point ou degré zéro de la spatialité. Un point de vue s’exprime à partir de la deixis « je, ici, maintenant » ; si l’on change l’une de ces trois données, le point de vue crée ainsi une multiplicité infinie de regards possibles pouvant être porté par un même paysage.

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