04/03/2006

Le web 2.0 face aux utilisateurs 2.0

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Cela fait maintenant une bonne année que la mode du web 2.0 a commencé. Une année pour que le concept entre dans le domaine courant, pour que l’on en parle y compris dans des magazines tout ce qu’il y a de plus grand public. Une année pour être web 2.0 sinon rien. Une année avant de consolider le phénomène et de vérifier sa pertinence.

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Ceux qui me lisent le savent, je fait partie de ceux qui n’étaient pas satisfait du concept, un mot-valise pour dire tout et rien en même temps, un mélange de technos et d’usages dont nous avons débattu longtemps pour en déterminer les contours. Maintenant, les choses sont claires et se caractérisent au niveau outils par deux dynamiques parallèles :
– l’affirmation et même, disons-le, l’adhésion aux Standards, et avec ça l’objectif d’un web plus durable, plus égalitaire et plus efficient du point de vue de l’usager, dont on se soucie enfin.
– Une profusion de services en ligne dits “2.0”. Ils ont un air de famille très prononcé, identifiés par l’utilisation de certaines technologies (RSS et Ajax notamment), un design et des logos reconnaissables entre milles, un modèle ouvert (en y regardant pas de trop près quand même), mais surtout des propositions d’usages stimulantes.
Que se passe-t’il en réalité ?
Respectant le postulat qui veut que, sur Internet, l’innovation vienne du terrain, la dynamique 2.0 est partie il y a plusieurs années des utilisateurs, de la rencontre entre un internet de masse et des outils simples, conduisant à l’acquisition par l’internaute lambda de sa capacité à exister en ligne, à publier et à interagir avec ses congénères, à réaliser la Société de l’Information.De cette poussée créative du terrain ont été extraites différentes clés par les acteurs du marché. Ils sont à la base des succès que l’on connaît, mais depuis l’été dernier, la démultiplication des nouveaux services participe d’abord de l’application d’une boîte à outil essentiellement technologique. On est passé des usages à la formulation technologique. De fait, il est plus simple de revisiter, notamment certains modèles perdus lors de la bulle 1.0, tentation amusante à observer, même si le gain de qualité de service est quand même fréquemment manifeste.
Même s’il n’est pas juste de parler de bulle dans le cas présent, l’intérêt de financiers plus avertis est réel et ils ont envie d’entendre et de voir les bonnes clés. Cela explique pour partie l’air de famille des services 2.0 et des lancement de plus en plus formatés. Maintenant que tout est bien codifié, nous devrions donc assister à une classique phase de consolidation, qui fera le tri entre les outils véritablement web 2.0 et les autres. Ça va donc vite, très vite, beaucoup plus vite qu’il y a 6 ans.
Les conditions sont en effet réunies. Il y a déjà plusieurs compétiteurs par domaines, en témoigne cet instructif comparatif sur le stockage, ou le lancement attendu de Wikio, et la presse nous sert enfin massivement une définition adaptée à une bonne compréhension du consommateur. Tout va pour le mieux, car cela devrait permettre une large focalisation sur ce niveau de prestations, bousculant définitivement un paquet de modèles établis lors des dix premières années de la vie du réseau (disons “Intranet” par exemple … ).
En fait, si le web 2.0 est parti du terrain, il ne lui appartient plus. Le web 2.0, c’est maintenant une offre de service, un business bien rodé, en tous les cas qui entend l’être, et qui se fonde sur le postulat qu’il est dans les clous de l’impulsion originelle et que les internautes y sont restés fidèles. Or, l’évolution des usages des internautes, c’est autre chose, un mouvement qui fait sa vie par ailleurs et qui suscite d’autres débats et d’autres champs de réflexions.
Il est temps pour le web 2.0 de vérifier à quel point il est en adéquation avec le terrain duquel il est issu. Cette confrontation sera, n’en doutons pas, riche d’enseignements d’usages. Je crois en effet que ceux qui se sont posés des questions de modèles et pas seulement d’intégrer la boîte à outil technologique 2.0 en sortiront gagnants. Car l’usager n’est plus en apprentissage du réseau, c’est lui dorénavant qui fixe la manière dont les choses sont sensées se passer et les points sur lesquels il attend de l’innovation et dans le bon dosage.

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