11/27/2006

E-commerce et 2.0

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Si l’on observe bien la seconde génération de service en ligne actuellement en vogue, celle-ci est massivement formée de deux familles. Celle qui a trait aux contenus, en l’occurence générés par l’utilisateur, qui bouscule notamment le monde des médias. Celle qui a s’intéresse à l’outillage personnel, dans laquelle on retrouve, par exemple, les outils de bookmarking et bien évidemment la bureautique et le collaboratif. Or, les services numériques ne se limitent pas à la manipulation des contenus. Qu’en est-il du reste et notamment de l’e-commerce, qu’est que c’est que l’e-commerce 2.0, existe-t’il ?

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Mettons les pieds dans le plat. E-commerce 2.0 n’est-il pas un pléonasme ? Si l’on considère aussi bien eBay que Amazon, cela fait très longtemps que ces sites intègrent systèmes de réputation, ranking, suggestions, commentaires et autres instruments que l’on voudrait caractéristiques de la génération de services 2.0. Pire, pour ces deux exemples fameux, ces fonctionnalités constituent les ressorts même de leur succès.
Il faut en outre se souvenir, qu’à l’heure des mashups et autres APIs, Amazon, toujours lui, a très tôt développé l’écosystème que l’on connaît, celui qui a largement démontré le principe de la longue traîne, tant au plan de l’élargissement du stock sur un réseau de tiers, que sur la capacité offerte au monde de faire du business appuyé sur les stocks et services d’Amazon. Jeff Bezos est-il Monsieur Jourdain, à faire du web 2.0 sans le savoir et avant tout le monde ?
Enfin, croyez-vous que les Yahoo! shoping et autres instruments de notation de produit soient vraiment révolutionnaires si l’on songe à ce qui se passait il y a déjà huit ans sur des outils comme Epinions ou Slashdot.
Alors si l’e-commerce était déjà 2.0 avant l’heure, qu’est-ce que c’est que l’e-commerce 2.0 ?
On peut commencer par constater qu’il y a encore du chemin à faire dans la diffusion du modèle précédemment décrit. Oui, la notation et les commentaires sur les produits sont un passage obligé, mais pas encore une réalité sur bien des sites. Amazon serait alors le pionnier d’une génération 2.0 d’e-commerce, différentiant un modèle primaire de commerce électronique.
On peut aussi raisonner web au global et considérer que l’e-commerce (1.0) était lié au web d’avant et que donc l’e-commerce 2.0, c’est autre chose, donc que ce n’est pas l’application des principes d’un “web 2.0” appliqués à l’e-commerce.
Evidemment, on comprend mieux ici l’absurde d’une étiquette globale dite “2.0” et la granularité qu’il faut appliquer sur le vaste champ du web pour s’y retrouver.
Comme je l’ai lu je ne sais plus où, le “web 2.0” est une intention, qui par essence n’a pas de définition et qui caractérise surtout l’esprit d’innovation et de changement que sous-tend la prise en compte de l’utilisateur dans sa capacité à produire et interagir avec et autour des services qu’on lui propose.
C’est bien évidemment à ce niveau, celui des modèles qu’il me semble opportun de chercher un “e-commerce 2.0” (je met des guillemets à dessein), avec quatre sujets intéressants :
– l’e-commerce distribué et les micro-revenus de notoriété, tel ce que développe Zlio. Ce dernier, en France, totalise en quelques mois plus de 15 000 boutiques et l’on connaît par ailleurs le cas de ces milliers de français qui vivent de leurs ventes sur eBay.
– les modèles de réputation étendus, extension du domaine de la lutte pour la notoriété, instrument de monétisation avancé de votre capacité à promouvoir des produits dans votre environnement. Un sujet que je trouve socialement très lourd d’implications et qui mérite qu’on y réfléchisse sérieusement.
– évidemment le web sémantique, notamment dans sa capacité à étendre un peu plus la faculté de suggestion auprès des consommateurs, et inversement.
– évidemment la convergence, avec le mobile et la messagerie instantanée, qu’on a un peu tendance à oublier il me semble.
Avec tout ça, on voit bien que le “site marchand” dresse un périmètre trop restreint et que le commerce électronique ressemble de plus en plus à un environnement diffus dans lequel interagissent des services et des individus tout en même temps prospects, clients et prescripteurs. Le produit, comme le consommateur deviennent des écosystèmes en réseau. Tout le monde l’a t’il compris ?

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