04/25/2007

Régulation experte vs Auto-régulation : match nul ?

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Je suis très frappé, depuis plusieurs mois, et tout particulièrement depuis le début de l’année, devant une sorte de manichéisme visant à considérer d’une part les environnements autorégulés, d’autre part ceux qui participent d’une certaine forme de régulation. J’ai le sentiment que le rapport de force ainsi créé est à la fois un bon stimulateur de créativité, mais aussi que la balance va finir par pencher, j’en veux pour preuve l’étude de cas que constitue la communauté scientifique, passé de le reconnaissance par les pairs dans une logique de réseaux, à la dictature des publications scientifiques et des comités d’experts. Histoire bien connus de ceux qui s’intéressent aux mécanismes de coopération.
Jusqu’à présent, on dissertait beaucoup sur une certaine idée de l’intelligence des foules, avec force lieux communs et trolls, ce qui n’était pas, à mon goût, à la hauteur des enjeux. C’est d’autant plus vrai que, si l’on observe l’évolution d’un projet comme Citizendium, il semble bien que la discussion soit vaine …


Pour rappel, Citizendium est un fork de Wikipedia mis sur les fonds baptismaux à l’automne dernier et en beta depuis un mois. Le contenu y est régulé par un comité d’expert alors que la célèbre encyclopédie ne l’est pas.
Richard Mc Manus vient de consacrer un excellent billet sur l’avancement du projet et s’essaye à une étude comparée des deux modèles. Il faudra évidemment attendre un peu pour observer la différence de croissance au niveau de la dynamique participative et juger du comportement des contributeurs dans cet environnement. Mac Manus s’intéresse plus au contenu, d’autant plus depuis que Larry Sanger a décidé de repartie avec un contenu “from scratch”, coupant le cordon avec ceux de Wikipedia. Le plus important, c’est le constat troublant qu’au final la capacité à ce que ces contenus puisse être reconnus comme des sources fondatrices ou académiques est tout sauf certaine.
J’avoue être assez circonspect. Il me semblait bien que l’enjeu de Citizendium était justement de contourner l’écueil du manque de reconnaissance scientifique officielle en injectant une couche d’expert, à l’image des comités de lecture des grandes publications. Dans le fonds, cela pointe le fait que le recrutement des contributeurs dans la foule serait rhédibitoire pour envisager la reconnaissance institutionnelle, mais j’ai envie de dire que de vouloir faire admettre une vision top-down avec une vision bottom-up est tout sauf évident et que par ailleurs il y a une trop grande différence d’approche sur le contenu. J’ai moi-même touché du doigt ce problème ces dernières années à avoir oeuvré en milieu universitaire. La publication web n’est pas comprise et n’est pas prête d’être reconnue au même niveau que les fourches caudines actuellement en place.
En conclusion (provisoire) sur ce point, je dirai un-partout-la-balle-au-centre, la question posée est toujours celle du réseau comme lieu ouvert à la contribution d’abord alors que nous vivons dans un monde où il faut d’abord qu’on vous accepte avant de pouvoir contribuer.

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