06/30/2007

Le Blackberry cache la forêt

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Non, je ne parlerai pas de l’iPhone, ni de l’hypra-buzz qu’il suscite, j’attendrai d’en avoir un. Non, à l’heure de cette hystérie hypnotique, et puisque Louis Naugès le met en persective du Blackberry au regard des usages professionnels, il me semble intéressant d’en rajouter une couche sur l’interdiction que ce dernier vient de subir du côté des services du gouvernement.
Ainsi donc, la SGDN vient de découvrir en 2007 que le Blackberry existe et que ses données transitent par des serveurs qui ne sont pas en France. Horreur et donc interdiction. en plus, c’est contagieux. Cela m’inspire deux réflexions.

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Je passe sur le ridicule accomplis qui consiste à penser qu’il devrait exister un machin équivalent franco-français. Dans ce cas, il devrait donc y avoir un internet parallèle bleu-blanc-rouge, peut-être ? Accessoirement, voilà un bel éclairage de cette pensée jacobine où l’Etat doit tout faire alors que le net en général et le blackberry en particulier ne sont pas instruments d’Etat, justement. Décidément, comprendre que le monde est plat et l’économie de la connaissance schumpterienne n’est pas encore évident.
La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que l’utilisateur 2.0 est aussi au gouvernement, dans le sens où il débarque chez son nouvel employeur avec son outillage et qu’il aimerait s’y en servir. Patatras, l’entreprise étendue n’est pas une notion admise au gouvernement, mais c’est loin d’être le seul endroit où cette idée a ses limites.
Avec cette affaire, ce qui me déplaît, c’est une sorte d’insulte à l’intelligence et à l’innovation, cette vision exclusivement outil qui refuse de regarder les deux réalités que sont le fait que l’utilisateur est déjà outillé et que par ailleurs la question n’est celle des outils, mais du service et surtout de la performance. C’est pour cela que beaucoup de monde trouve ça ridicule, sur l’air du “on ne peut pas faire confiance aux utilisateurs”. Confiance, vous avez dit Confiance ?
La seconde c’est évidemment qu’il est difficile de nier le poids de l’argument de l’intelligence économique dans la nécessité de sécuriser des données sensibles ? Voilà un bon sujet pour quelqu’un comme moi qui s’intéresse beaucoup à la question de la gouvernance numérique appliquée au web 2 et aux Saas en particulier.
Car finalement, le plus important dans tout ça, ce n’est pas le blackberry en soit, mais l’exemple qu’il représente de ces services que l’on utilise et dont les outils et les données sont sur des serveurs ailleurs. Or, s’il est une clé centrale dans la capacité du modèle Saas à s’inscrire durablement et sérieusement dans les organisations, ce sont les garanties qui sont données sur la sécurisation des données. Visiblement, celles fournies par RIM, éditeur du Blackberry, n’ont pas du tout convaincu le SGDN.
Alors, Salesforce est peut-être conforme Sarbannes-Oxley, mais les enjeux ne sont pas que des problématiques de transparence financière loin de là et un bon nombre d’éditeurs sensibles à l’Enterprise 2.0 feraient bien de s’en soucier.
Faudra-t’il alors, comme cela se passe dans quelques grandes organisations, que les éditeurs Saas segmentent leur offre en différentes fermes localisées ici où là et parfaitement indépendantes les unes des autres, ou s’agit-il de se dire que l’offre installée ou dédiée a encore du sens ? Qui sont les organismes certificateurs et indépendants capables de garantir aux clients l’assurance qu’il n’y a pas de problème de gouvernance sur l’exploitation du service (une dimension tout juste émergente autour du terreau que constitue la CNIL en France) ? Où sont les standards et les normes ? Décidément, le web n’est encore qu’un adolescent.

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