11/30/2008

Qui sera notre Al Gore ?

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Le principal risque qui pèse sur la net-économie française ne relève pas de la crise, il est politique.
Il y a presque un an, je disais qu’Internet peut bien être tondu et de pointer une discours profondément négatif et, déjà la taxations des plateformes vidéos françaises. Un an plus tard, rebelotte et le même constat que nos politiques n’ont rien compris et continuent de raisonner comme si le net s’arrêtait aux frontières de l’hexagone et n’était qu’un putain de média de plus. C’est avec ce genre de chose qu’on met des battons dans les roue de l’économie numérique française. Cela pouvait paraître ridicule il y a un. Maintenant ça ne fait plus rire.


Le plan Besson n’était qu’un écran de fumée. Il n’était conducteur d’aucune vision numérique et c’est bien cette absence de toute vision qui, telle un vide, se remplit de mensonges et de procès en sorcellerie, ce à quoi ressemble un peu plus chaque jour le feuilleton Hadopi et l’enjeu de société qu’il cristalise, alors même que les grands principes ont été rangés au vestiaire après Edvige.
La blague belge relatée par Techcrunch vendredi ne me fait pas rire. Elle respire une sorte de populisme, la prise à témoin que le web social est dangeureux. Mais à qui s’adresse ce discours si ce n’est aux élites politiques entre elles, à l’heure où une large proportion des citoyens plébiscitent son usage ? Je craint qu’elles soient coupés de la réalité de la société de l’information, qui est partout, mais visiblement pas dans les cercles du pouvoir et notamment pas au parlement. Y aura-t’il même au moins 60 parlementaires pour saisir le Conseil Constitutionnel, si par malheur Création et Internet continue à être porteuse des risques que l’on connaît.
Quel constraste avec ce que nous avons vu aux Etats-Unis avec et depuis l’élection de Barack Obama. Quel contraste avec le récent discours d’Al Gore.
Nous serions en crise et nos gouvernants se payent de plans de relance alors même qu’ils cognent sur ce qui fait 50% de la croissance européenne. La bonne blague. Le net est pour eux une menace et son économie ne semble être comprise que pour être taxée et mise au pas.
La condamnation de Wizzgo est à ce titre un signal inquiétant. Il ne fait pas bon tenter la disruption et l’innovation avec le contexte légal. Wizzgo pensait sans doute amener les chaînes de télé à évoluer en terme de modèle de diffusion différé. Peine perdue, elles se sont contenté de shooter. L’innovation attendra.
La société de l’information et l’économie de la connaissance sont des changements de fonds, mais tout se passe comme si ceux qui nous gouvernent l’ignoraient, n’y voyaient que des menaces. Elles ont beau être partout, elles ne pèsent que peu de chose sur le terrain de jeu politique. Quelles seront les institutions de poids qui sauront relayer une vraie vision progressiste ? Qui sera notre Al Gore ?

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