02/11/2009

À la recherche de la Longue Traîne

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Depuis décembre dernier, tout un tas de gens se sont interrogés sur la Longue Traîne. Une discussion à mon goût un peu superficielle, qui est passé par ici et encore , finalement conclu par un long billet de Daniel Kaplan.
J’ai assez commenté tout ça, pour dire que penser que la Longue Traîne marche toute seule, où que c’est purement tactique, est stupide. Elevons le débat svp, les modèles à l’emporte-pièce, ça n’est pas au niveau.


Cette discussion aura au moins eu le mérite de faire remonter à la surface des travaux de recherche (pdf) pertinents de nos chercheurs. L’étude du Département des études de la prospective et des statistiques du ministère de la culture montre que la Longue Traîne existe, mais que son impact naturel est limité et d’enfoncer la porte ouverte en disant que c’est bien intégré dans une stratégie qu’elle est apte à être stimulée et s’inscrire véritablement comme facteur économique. CQFD.
Au passage, ces travaux montrent en creux deux choses.
En premier que la recherche court derrière les concepts et ce qui se passe sur le web. Rien de nouveau. Le web est un territoire de visionnaires, de gens qui se lancent sur des intuitions, les choses se constatent ensuite empiriquement, enfin la recherche modélise. Vouloir innover sur le web à partir de la recherche est une gageure. Le web appartient à ses usagers et on commence à peine à comprendre un poil de ce qui se passe, tant en terme de cognitif individuel que de comportements collectifs.
En second, la manière dont cette étude a été valorisée en ligne est éclairante. Elle n’y a pas du tout été valorisé au sens où on l’entendrait plus de 5 ans après le web 2. Les universitaires et chercheur sont-ils en retard avec le web social ? la mobilisation universitaire actuelle et la pauvreté dans l’usage des technologies pointée par ce billet alimente la question. En observateur attentif de ce petit monde, j’écoute les voies d’universitaire pionniers inquiet du surplace, sinon du recul, ce à quoi renvoi ce que dit Serge Soudoplatoff sr son blog. Retour (là encore), sur InternetActu, avec bloguing et science. Le salut viendra-t’il d’en haut ? un signe encourageant ici.
Je dirai qu’il me semble curieux de penser l’économie de la connaissance et ses concepts ou essais empiriques sans montrer de signes patent d’adoption de ce qu’elle signifie. Je suis taquin sur ce sujet, mais c’est parce que je pense que ce sujet mérite d’être stimulé. A bon entendeur …
Mais revenons à nos moutons.
Quand Chris Anderson a pensé la Longue Traîne en 2004, il a échafaudé une théorie, sinon un concept. Cela ne veut pas dire que c’est une science exacte, c’est quelque chose d’observé, dont la valorisation et la stimulation est un immense champ à explorer et à expérimenter. Constater que la Longue Traîne existe à l’état latent ne fait pas avancer le web. Même si cela n’a rien de modélisé scientifiquement parlant, le concept est intégré dans des stratégies et nous avons pour notre part l’occasion de le faire avec satisfaction. Ce fut le cas avec Jamendo l’année dernière par exemple.
Vous me direz que c’est un exemple de plus portant sur la musique ou les biens culturels. Et alors ? ce secteur a l’avantage d’une très grande maturité, tant dans la prolifération de nouveaux modèles inhérents à la disruption du secteur (non je dirai rien sur Hadopi, si ce n’est de vous inviter à faire ça), que par les usages matures de masse qu’il développe.
Notre conviction avec la Longue Traîne est la même qu’avec tous les concepts numérique. Ils ne valent que s’ils trouvent du sens dans le cadre d’une stratégie totalement intégrée et qu’ils sont un des mécanisme, parmi les autres, qui concourent au résultat. Si le numérique s’est caractérisé de quelque chose, c’est de multimodalité. Dit autrement, de la
diversification des sources de valeur, avec la nécessité d’un sens aigu des interactions et du rôle des flux faisant le lien entre ces sources. Google en est un exemple impeccable, comme l’a montré non sans une certaine inclinaison FaberNovel. Quitte à rester sur les grands exemples, on peut aussi regarder Barrack Obama pour voir ce que ça donne en terme de stratégie intégrée. Un exemple stupéfiant de synthèse créative, toujours en mouvement, comme le démontre ce développement récent.
S’il s’agit de faire du copier-coller ou de penser que ça va se passer, c’est le bon moyen de se planter. La Longue Traîne, comme tout le reste de ce que le web a expérimenté ou envisagé avec empirisme ou intuition fonctionne. Mais si vous cherchez le manuel d’utilisation, vous vous trompez. Tout est affaire d’intégration et de bonne prise en compte de votre business, de vos buts, de votre écosystème.

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