06/15/2009

La vérité sur Twitter

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Ecrans (qui se bonifie avec le temps), vient de publier un papier tout à fait dans le mouvement. À la suite de différentes sorties, il est de bon ton dans l’intelligentsia du web de s’étriper joyeusement sur Twitter et de douter de la profondeur ou de la pérennité du phénomène. Ecrans a l’avantage de faire synthèse de tout un tas de chiffres et de quelques “analyses” à sa suite.
À titre personnel, la lecture de ces études ne m’inspire pas grand chose. J’ai l’impression d’un déjà-vu quand il se révèle que moins de 10% des utilisateurs postent 90% des tweets. Souvenez-vous de la règle du 1% ou encore de celle du 1/10/100 apprise à l’ère du web 2 (RIP 2007). Et surtout, j’ai l’impression d’un déjà-entendu classique de la plongée d’un phénomène dans le toboggan de la déception d’une courbe du Gartner. Si j’étais taquin, je dirai que, maintenant que le spectre d’un rachat s’éloigne, Twitter est médiatiquement une cible pertinente.
Mais dans le fond, la contestation vient surtout de l’incompréhension qu’a toujours généré ce service. Ce n’est pas une communauté, c’est un réseau et sa nature sans-positionnement, ouvert à tous usages, a toujours chagriné les esprits cartésiens. Reste alors la crainte montante de la perte d’une certaine idée de nous même. Après nous avoir posé une bonne question – Google nous rend-il idiot ? – Nicholas Carr est en pointesur l’impact mental que le flot continu de tweets et pensées jaillissantes induit sur notre cerveau et notre intelligence. Un débat dont on reparlera, qui se trouvait déjà dans les réactions concernant Google Wave au regard de la perte de la notion de correspondance. Comme quoi on est à l’aube de disruptions fortes dans le domaine intellectuel. J’espère en discuter à Lift ce week-end.
Pour le reste, soyons bassement pragmatique. Personne ne conteste que Twitter est un vrai phénomène aux US. Il y joue un rôle central de thermomètre et de chambre d’écho et pas uniquement là-bas. Il y a franchi un certain nombre de pallier qui l’amènent à un niveau de massification substantiel. En France, la vérité est qu’on n’en est pas encore aux Twittermoms. Twitter est surtout l’apanage des geeks et de la sphère socio-militante, et de plus en plus des travailleurs de l’information. En même temps, le fait que Twitter soit à la Une des médias français est une étape classique du chemin et ce n’est pas quand le train sera lancé qu’il faudra s’y mettre et apprendre.
Alors, Twitter ou pas, ce n’est pas la question, il fait partie de la panoplie et l’ignorer est généralement signifiant d’un certain mépris à accepter la nécessité d’intégrer le web participatif dans ce qu’il représente et toutes ses composantes.

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